Historique

La SIC d’Yverdon-les-Bains, Grandson et environs prouve par son historique le rôle qu’elle a joué dans bien des domaines du territoire vaudois dont elle s’occupe. Voici le récit de son histoire et de ses multiples interventions.

Apparition de sociétés semblables à la SIC

Le dix-neuvième siècle voit émerger une variété de sociétés plus ou moins analogues aux sociétés industrielles et commerciales (« SIC »). Certaines d’entre elles sont en compétition, avec la possibilité de se comparer notamment lors des expositions universelles, ou des courses à la médaille récompensant exclusivement les meilleures sociétés.

Une sorte d’euphorie générale règne alors, et les représentants nationaux sont triés sur le volet. En effet, montrer que son pays, ou à plus petite échelle, sa région, possède des capacités supérieures en tous genres, est primordial.

Les véritables prédécesseures

Avec cette tendance à la création de sociétés, il faut veiller à identifier les réels ancêtres de la SIC actuelle. Pour Yverdon-les-Bains, le Cercle des Arts et Métiers, ouvert aux artisans et aux commerçants, a compté sur le soutien de la SIC, sans que cette dernière ne lui succède. Hiérarchiquement plus haut, car n’importe qui ne pouvait en être membre, se place le Cercle de la Bourgeoisie – la plupart de ses protagonistes avaient un rôle au sein du Conseil communal. Finalement, socialement au sommet, le Cercle d’Yverdon, initialement nommé le « Grand Cercle ». Il diffère également de la SIC, car ses activités ne consistent pas à soutenir l’industrie ou le commerce. Les personnes qui en faisaient partie étaient des aristocrates et autres représentants de la haute société.

Sans oublier d’évoquer la Société pour le développement d’Yverdon, la « SDY », fondée en 1887. Ses principales missions étaient les suivantes : d’abord, se consacrer aux intérêts généraux des Yverdonnois ; ensuite, améliorer la qualité de vie des habitants ; enfin, faire la promotion touristique d’Yverdon-les-Bains et de sa région.

Autant d’organisations qui rassemblaient et formaient plusieurs groupes distincts, sans pour autant avoir des objectifs similaires à ceux de la SIC.

Une SIC dans le canton de Vaud

La première Société industrielle et commerciale vaudoise voit le jour à Lausanne, en 1859, sous le nom de « Société industrielle et commerciale du canton de Vaud ». Ses membres sont une trentaine de personnes avocates, ingénieures, ou issues du milieu du commerce.

Leur but est de contribuer au bien public, en se penchant notamment sur des questions d’ordres économique et législatif dans un canton jusqu’alors essentiellement tourné vers l’agriculture. Peu après sa création, cette SIC organise des cours gratuits de dessin et de comptabilité, afin de promouvoir l’instruction des jeunes ayant terminé l’école obligatoire.

Naissance de la SIC d’Yverdon

La Société industrielle et commerciale d’Yverdon naît une décennie plus tard, en septembre 1869. Inspirée par sa consoeur lausannoise, elle en reprend les deux objectifs principaux : soutenir l’éducation des jeunes d’une part et trouver comment défendre le commerce et l’industrie. Dans cette optique, la SIC d’Yverdon hérite des ambitions de la Société économique d’Yverdon. Cette dernière, fondée en 1761, fonctionnait comme l’une des antennes de la Société économique de Berne. Elle rassemblait des locaux notables qui, discutant de sujets en lien avec l’agriculture et les manufactures, cherchaient à améliorer économiquement la vie de la communauté toute entière. Le plus grand succès de la Société économique de Berne est l’ouverture de la Bibliothèque publique de la ville, en 1763. En effet, elle est la première bibliothèque publique à évoquer le Pays de Vaud.

Pendant deux ans, la Société industrielle et commerciale d’Yverdon partage son temps entre organisation de conférences et dispense gratuite de leçons de dessin, de comptabilité commerciale, de diverses langues et d’instruction civique. Puis, le manque d’intérêt de ses membres et du public pour ses activités provoque son extinction progressive. En 1882, elle est mentionnée parmi les sociétés locales, ce qui n’est plus le cas ensuite.

Renaissance de la SIC d’Yverdon

En 1890, il est question de recomposer la Société industrielle et commerciale d’Yverdon. En 1899, sa reconstitution est effective, sous le nom « Société industrielle et commerciale Yverdon-Grandson », et cet événement n’est pas étonnant. En effet, un an plus tôt, l’Union vaudoise du commerce et de l’industrie, à savoir la section cantonale de l’Union suisse du commerce et de l’industrie, avait uni les SIC dans un même objectif : défendre au mieux les intérêts des commerçants, des artisans et des industriels du canton. L’Union avait également fondé la Chambre du commerce vaudoise, au sein de laquelle était gardée une place à une éventuelle SIC yverdonnoise.

La renaissance se concrétise le 20 janvier 1899, soutenue par huitante membres et par la Société des voyageurs de commerce. Cette date marque un tournant décisif dans l’histoire de la SIC d’Yverdon, car à partir de là, elle s’attelle à protéger jusqu’aux plus petits commerçants, surveillant les lois susceptibles de les affecter d’une manière ou d’une autre.

Ainsi, devenant véritable porte-parole des commerçants, artisans et industriels régionaux au niveau cantonal, elle est une intervenante capitale de la vie d’Yverdon-les-Bains et de la région.

Missions et succès de la SIC d’Yverdon-Grandson

Dès lors, la Société industrielle et commerciale d’Yverdon-Grandson ne perd pas de temps. En 1900, elle est l’initiatrice d’un comité de lutte contre la concurrence déloyale, se battant pour l’obtention de mesures de protection par les autorités communales. Par la suite, elle suggère une augmentation tarifaire des patentes relatives aux foires de la ville, ainsi que la délocalisation de celles-ci du centre-ville à proximité du lac. Cependant, toutes les interventions de la SIC ne portent pas leurs fruits. De ce fait, son opposition au projet d’instauration du 1er Août comme jour férié ne suffit pas à l’abroger, malgré l’argument de ses membres, porté sur l’insuffisance de sérieux véhiculée à l’international.

À partir de 1899, les liens de la Société industrielle et commerciale d’Yverdon-Grandson avec la politique se renforcent. Cela se remarque notamment à travers les conférences publiques qu’elle organise en amont aux votations. Des figures politiques locales y sont conviées et leurs voix entendues. Toutefois, à l’exception d’une votation en 1959 et malgré son caractère politisé, la SIC n’intervient pas directement dans le contexte politique. Une interconnexion qui faiblit à l’entre-deux-guerres, pour rebondir dans les années 1950.

Comme la SIC est fortement engagée au niveau du territoire vaudois dont elle s’occupe, elle peut compter sur le soutien de divers organismes régionaux. Avec eux, à savoir la municipalité d’Yverdon-les-Bains, la Société de Développement et la Société des Voyageurs de commerce, elle parvient à instaurer le premier arrêt sur le trajet du train Bâle-Genève. Moins permanent qu’une halte ferroviaire, mais tout aussi significatif pour Yverdon-les-Bains et ses environs, il s’avère que le Comptoir du Nord vaudois est également le résultat d’une initiative de la SIC. C’est pour redonner du souffle à cette dernière que l’organisation d’une exposition des Industries et des Métiers est proposée. L’idée est de présenter les trésors régionaux au grand public à travers des stands. Bien que le projet plaise, il est repoussé à de multiples reprises. Il finit par voir le jour par sa première édition, sous le nom « Comptoir Yverdonnois », du 22 au 30 octobre 1955. Comme seuls les membres de la SIC peuvent y tenir des stands, le nombre d’adhésions augmente significativement cette année-là.

Au vu de la quantité de retraits de membres entre 1955 et 1956, pour la deuxième édition du Comptoir, la SIC décide d’imposer un minimum de deux années de cotisation aux exposants nouvellement membres. Grâce à cette décision, partant de cent-septante-six membres en 1956, la SIC d’Yverdon-Grandson débute la décennie suivante avec trois-cent-vingt-huit membres à son actif.

Septante-cinq ans, bilan et festivités

Les années passent. Avec elles, la prospérité de la SIC, qui exerce ses activités notamment selon l’article 2 de ses statuts : « s’occuper des intérêts économiques du pays et particulièrement de la législation, des institutions, de la protection de l’in­dustrie, du commerce, des métiers et des professions libérales, tant au point de vue général que local ». En 1974, elle fête son septante-cinquième anniversaire. À cette occasion, une croisière sur le lac et un repas au Casino sont organisés pour environ cent-cinquante convives. Déjà à ce moment-là, la SIC souffre de ne pas être assez connue et reconnue.

Dans le Journal d’Yverdon et du Nord vaudois, l’édition du 26 août, en parlant de ladite société, il est en effet écrit que « beaucoup ignorent que [son] activité ne se borne pas, tant s’en faut, à l’organisation du Comptoir yverdonnois ». Dans le même article, la presse rappelle l’impact que la SIC a pourtant eu sur la région, évoquant la fermeture des magasins le dimanche, la synchronisation de leurs horaires de clôture les soirs de semaine, la lutte contre le colportage, ainsi que la création d’entrepôts ayant un bureau de douane. Elle fait encore allusion à un « vieil Yverdon », expliquant que l’avant-après de la ville a été rendu possible entre autres par la SIC.

Un siècle d’existence

En 1999, le centenaire de la SIC d’Yverdon, Grandson et environs fait encore plus grand bruit dans les journaux. La société est célébrée durant le mois de mai, lors du vingt-cinquième Comptoir du Nord vaudois, dont elle est l’hôte d’honneur. Beaucoup d’émotions, pour cette association qui a connu une renaissance, un temps de veille, des difficultés à se faire entendre, mais également des périodes prospères et bon nombre de succès. D’autant plus d’émotions que, pour la deuxième fois, elle atteint les cinq-cents membres.

Le 24 juin de la même année a lieu l’assemblée générale du centenaire de la SIC, au Théâtre Benno Besson. Dans divers articles la commémorant, les multiples organismes avec qui elle collabore, qu’elle ait contribué ou non à leur création, sont mentionnés, dont certains ci-suivants : Perform, Inova, la Confrérie du Bâtiment, le Groupe Commerce d’Yverdon et l’ADNV.

Grâce à la SIC d’Yverdon-les-Bains, Grandson et environs

Cet historique montre parfaitement que la ville d’Yverdon-les-Bains et ses environs ne seraient pas comme ils le sont aujourd’hui sans la SIC. Depuis 1899, cette dernière a œuvré pour rendre la région dynamique, intéressante et accueillante. Elle n’a pas pris de vacances. En effet, même quand le temps était festif, elle se battait pour rendre Yverdon-les-Bains plus chaleureuse. C’est ainsi qu’au début des années 2000, la SIC a tout fait pour trouver un compromis entre les commerçants et la Ville, concernant les illuminations du centre-ville. Finalement, le coût des lumières qui colorent les fêtes de fin d’année yverdonnoises est revenu à la charge de la Ville.

La SIC n’a pas fini de rendre service au territoire nord-vaudois dont elle est en charge. L’avenir prouvera ses qualités de porte-parole et de véritable héroïne régionale.